LA RELIGION, C’EST
UNE QUESTION :
Le chrétien est essentiellement un homme qui refuse le mystère, qui ne consent pas à ce mystère que le matérialiste a accepté, lui, et qu’il fait plus qu’accepter […] . Qui sommes-nous? D’où venons-nous? Où allons-nous? Ces trois questions que Gauguin a inscrites au bas d’un fameux triptyque, le chrétien juge qu’elles exigent une réponse.*
Mauriac.
§ Voyager
dans l’espace et dans le temps
§ Si Adam et Eve n’avaient pas péché
§ Choisir
la meilleure religion
§ Un livre
qui a fait ses preuves
§ Alors, qui
a créé le Créateur ?
*
* * * *
Dans
l’Univers, cette sphère indéfinie, il y aurait 250 à 1000 milliards de galaxies.
Or, une galaxie, ou univers-île, compte à elle seule, de 100 à 1000 milliards
d’étoiles. En réalité, rien que dans une infime partie du ciel, où l’on n’avait
pu dénombrer qu’une dizaine d’étoiles auparavant, le télescope spatial Hubble a révélé près de 3000 galaxies.
Cela revient à dire qu’il est dans l’infini des cieux autant d’étoiles qu’il
existe de grains de sable sur notre planète. Par conséquent, dût-on ne se baser
que sur la théorie des probabilités, il n’est pas inconcevable qu’il existe, dans
cette immensité lumineuse et bien ordonnée, d’autres mondes habités mais où il
n’y a ni souffrance ni maladie ni décès, nous verrons pourquoi.
Vue
de profil, notre galaxie, la Voie lactée, a la forme d’un disque renflé au
centre. De face, elle présente une structure spiralée dont l’un des bras, celui
d’Orion, entraîne notre système solaire, éloigné de 30 000 années-lumière du
noyau central. Une année-lumière est la distance que parcourt la lumière en une
année, à la vitesse de 300 000 kilomètres à la seconde, soit environ dix mille
milliards de kilomètres.
Pour
un voyageur qui se trouverait à la limite du système solaire, notre planète,
bien qu’elle ne soit pas la plus petite, n’est plus visible à l’œil nu. Quant
aux dimensions mêmes du système solaire, pour en avoir une idée, il faut savoir
que la lumière, qui ne met qu’une petite seconde pour parcourir la distance
Terre-Lune, ne peut atteindre Proxima Centauri, pourtant l’étoile de notre
galaxie la plus proche de nous, qu’au bout de 4,3 années. Notre système
solaire, tel qu’il se présente, est donc infime et isolé, à tel point que si
l’on se situe dans ce macrocosme, on en arrive à demander au Créateur, comme le
fit le Psalmiste : « Qu’est-ce que l’homme […] pour que tu prennes
garde à lui ? »1. Mais le ciel ne nous incline pas qu’à
l’humilité.
« Levez
vos yeux en haut, et regardez ! Qui a crée ces choses ? », s’est écrié, émerveillé, le
prophète Esaie2. Oui, les étoiles nous envoient des messages,
et« ce n’est pas un langage, ce ne sont pas des paroles » dont les
résonances et les accents ne nous sont pas intelligibles lorsque, dans le
silence d’une nuit claire, « les cieux racontent la gloire de Dieu »
et que « l’étendue manifeste l’œuvre de ses mains »3.
« En effet, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et
sa divinité, se voient comme à l’œil, depuis la création du monde, quand on les
considère dans ses ouvrages »4.
La
création et la conscience sont fondamentalement deux livres grâce auxquels Dieu
et l’homme peuvent communiquer entre eux, mais par le truchement de l’Esprit
et/ou de la Bible.
VOYAGER DANS L’ESPACE ET DANS LE TEMPS
La Bible s’ouvre par cette affirmation aussi lapidaire que péremptoire : « Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre »5. Présidant à cette naissance du monde, étaient les trois Personnes de la Divinité : Yahvé « chez lequel il n’y a ni changement ni ombre de variation »6, « l’Esprit »7, et le Fils qui a reçu du Père ce témoignage pour le moins inattendu : « Toi, Seigneur, tu as au commencement fondé la terre et les cieux sont l’ouvrage de tes mains; ils périront, mais tu subsistes; ils vieilliront tous […] et ils seront changés; mais toi, tu restes le même »8.
Puisque l’Univers a eu un commencement – qui dit évolution, big-bang ou création, dit commencement – et qu’en outre ses constituants changent, vieillissent et meurent, par essence la matière ne saurait être éternelle. En revanche, on peut concevoir qu’une Intelligence infinie qui transcende toutes choses, qui est hors du temps et a toujours été, comme Christ, « le même »9, puisse être éternelle. Si la matière est éternelle, c’est qu’elle est absolue et immuable, ayant en elle-même et vie et pouvoir; puis s’est organisée toute seule, étant pensée et omniscience ! A cette théorie, en aucun cas le chrétien ne peut souscrire, étant donné qu’elle requiert l’abdication pure et simple de la raison; il laisse la crédulité aux incrédules, et aux panthéistes idem.
Un voyageur, même s’il se déplaçait à la vitesse de la lumière, mettrait 26 milliards d’années rien que pour traverser le diamètre de l’Univers actuellement connu. Aussi, lui faudra-t-il être semblable aux anges, non assujetti à l’espace et capable de se déplacer, éventuellement, à la vitesse de la pensée, pour être en mesure de sillonner l’infini, comme de remonter jusque dans le passé le plus reculé, afin de voir à son gré tous les films de l’Univers. En effet, toute particule ne pouvant se propager plus vite que la lumière, notre voyageur pourra, à titre d’exemple, découvrir dans notre galaxie les phases toutes de splendeur d’un soleil virant au noir, ou bien assister en différé à la mise sur orbite de la Terre, alors qu’elle sortit du néant. Et, abîmé dans la contemplation de telles merveilles, ne chantera-t-il pas de tout son cœur : « Tu es digne, notre Seigneur et notre Dieu, de recevoir la gloire et l’honneur et la puissance ; car tu as créé toutes ces choses, et c’est par ta volonté qu’elles existent et qu’elles ont été créées »10 ? Bien des savants, et non des moindres, ont cru. Oui, comme dirait l’autre : « Ferme les yeux et tu verras. »
SI ADAM ET ÈVE N’AVAIENT PAS PÉCHÉ…
Si l’homme avait obéi à Dieu et n’avait pas mangé de « l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal »11, les anges rebelles auraient perdu tout espoir de gagner à leur cause un monde quelconque de l’Univers. Par la suite, ils auraient tous été supprimés sans autre forme de procès, leur révolte ayant été consommée dès leur tentative de coup d’Etat dans le troisième ciel, selon qu’il est écrit : « Et il y eut une guerre dans le ciel. Michel et ses anges combattirent contre le dragon. Et le dragon et ses anges combattirent, mais ils ne furent pas les plus forts, et leur place ne fut plus trouvée dans le ciel »12. En d’autres termes, le Paradis, c’était fini pour eux.
Point de mystère quant à la nature exacte de l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal : c’était effectivement un arbre. Qu’il fût un pommier, et que le fruit eût tel goût ou tel aspect, là n’est pas la question. Ce dont il s’agissait pour l’homme, en l’occurrence, c’était de décider de son destin, suivant qu’il obéirait, ou non, à l’ordre donné par son Dieu. Ne pas manger du fruit, c’eût été témoigner du respect, de la confiance et un attachement indéfectible au Créateur ; y toucher, c’eût été accorder créance aux insinuations de Satan, épouser ses idées et ses intérêts et, du même coup, tomber sous sa coupe. Nous connaissons l’issue 13. Né dans l’entourage immédiat du Très-Haut, le péché a également contaminé son dernier-né, son chef-d’œuvre qu’il a fait à son image : l’homme. La gigantesque controverse entre le Christ et Satan avait rebondi, mais sur notre planète, à la consternation des mondes de tous les univers habités.
Dieu créa une institution pour l’homme, avant même l’entrée du péché : le mariage, comme école de la Vie et de l’Amour 14. Par conséquent, si notre planète n’était pas passée sous la domination du diable, l’espèce humaine aurait procréé conformément au plan divin, jusqu’à ce que la Terre fût remplie de demeures paradisiaques. Sans le péché, l’union entre consanguins n’aurait rien d’illicite ; même avec la présence du mal, elle n’avait pas, à l’aube de l’humanité, les inconvénients qu’elle a eu par la suite. Adam et Eve, contrairement à ce que bien des gens pensent, ayant engendré « des fils et des filles »15 pendant des siècles, il va sans dire que Caïn avait pour épouse l’une de ses soeurs16. De même, sans le péché, le travail serait la plus riche des bénédictions, et l’enfantement la quintessence des voluptés. L’opinion communément admise qui veut que le fruit défendu du jardin d’Eden fût l’union d’Adam et de sa femme Eve, est une absurdité ; et pis que cela, en taxant la sexualité de chose honteuse, a fait un tort incalculable à l’amour conjugal, ce symbole à la fois si fort et si tendre qui nous aide : sinon à comprendre pourquoi Dieu a créé le monde et comment « Christ a aimé l’Eglise »17, tout au moins à sentir le caractère irrationnel, révoltant du mal, lorsque tout n’est pas rose au niveau du couple, ou quand rien ne va plus dans la vie de famille. De fait, c’est toute notre existence que le péché a marqué au sceau de l’absurde. Cependant, bien que naître pour disparaître tôt ou tard, soit un problème aussi vieux que le monde, au moins il nous est possible, grâce à la Bible, d’en connaître les données exactes et la réponse adéquate où se greffent toutes les autres, qu’elles soient scientifiques ou philosophiques. Ce qu’ont dit les grands esprits, toutes tendances confondues, néanmoins, ne sont pas forcément parole d’évangile.
Deux natures en l’homme :
C’est un lieu commun de dire que bon nombre de gens aujourd’hui, sont étrangers, sinon allergiques à l’évangélisation. En revanche, les cultures orientales ou telles religions qui font montre de pompes, attirent. Pourquoi ? Disons que le christianisme biblique ne convient pas naturellement à l’homme qui ne connaît pas, ou qui ne connaît que théoriquement le Christ, si bien que même instruit, foncièrement bon, voire pratiquant, il « ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu, car elles sont une folie pour lui »18.
Alors, imbu de lui-même, il entend ne pas être dérangé. Toutefois, s’il est un tant soit peu attentif, pourvu qu’il fasse preuve d’objectivité, il peut être séduit par la grâce du pur Evangile, ou subjugué par l’évidence de la pure vérité.
Le matérialisme :
Pour la plupart des gens, seuls comptent les biens matériels et le plaisir immédiat qu’offre cette vie, savoir « la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie »19.
Le péché, le moi et le monde, il est vrai, ont des attraits puissants. Mais « pour voir si ce parti est le meilleur que les hommes puissent prendre sous le ciel », le roi Salomon, il y a quelque trois mille ans, résolut « d’agir comme les fous »20, tout en restant lucide autant que faire se pourrait. C’est ainsi qu’il est devenu plus grand que tous les rois de la terre de son temps « par les richesses et par la sagesse », avait « quatorze cents chars et douze mille cavaliers »21, « a prononcé trois mille sentences et composé mille et cinq cantiques »22, et, pour couronner le tout, « eut pour femmes sept cents princesses et trois cents concubines »23. Sa conclusion, on ne peut plus désabusée, est restée célèbre : « Vanité des vanités, tout est vanité »24. Quant à l’Eternel, il « fut irrité contre Salomon »25, qui s’est détourné de lui pour avoir joué avec le feu.
L’athéisme :
C’est la croyance de ceux qui n’ont pas la foi, et qui revient à la mode par le temps qui court. Tellement que dès que l’on parle de Dieu ou de religion, d’aucuns sont mal à leur aise, soit par orgueil, allergie, snobisme ; soit par prosaïsme pur, le genre métro-boulot-dodo ; soit par indifférentisme ou, au contraire, par peur de croire. Dommage !Car il importe de savoir si la vie doit vraiment être vécue comme beaucoup la vivent, vu que le sens que l’on donne à la vie est fonction de l’idée que l’on a de la mort. Etre milliardaire ! Centenaire ! Et après ? Serait-ce la chute du rideau, sans même un rappel, car comme on dit, la comédie est finie ? Ou bien, faudrait-il y réfléchir, enfin, en se persuadant qu’elle est étrange tout de même cette folie qui nous porte à faire fi des valeurs éternelles et à n’avoir d’avenir que dans un monde où tout est fugitif, incertain ? Voici tantôt deux mille ans, le Christ a expliqué ce que signifie, véritablement, avoir le sens des réalités. Et que servirait-il à un homme de gagner pour lui, même tout l’univers, déclara-t-il avec une gravité solennelle, « s’il se détruisait ou se perdait lui-même »26 ?
Qu’est-ce qu’une religion ?
N’en déplaise aux bien-pensants, toutes les religions ne sont pas bonnes. Une religion, c’est un système de croyances et de pratiques impliquant des relations avec un Dieu, ou des dieux, propre à un groupe social et pouvant constituer une règle de vie. Tout le problème, pour un croyant, est de savoir à quel genre de divinité il a à faire, et quelle théorie lui est inculquée en son nom.
Est-ce un Père, Dieu omnipotent, omniscient, omniprésent, juste mais miséricordieux ? Est-ce une doctrine cohérente qui sait concilier, par exemple, les exigences antagoniques de l’amour et de la justice, pour faire des adeptes dont la foi n’est pas aveugle et ni le zèle intempestif ? C’est qu’une religion peut être la meilleure ou la pire des choses, car l’esprit est fait de ce dont il se nourrit. Voilà pourquoi l’on devrait disséquer toute croyance, mais en gardant un esprit positif et compréhensif, quoique objectif.
La vraie religion existe :
Sur ce chapitre, un Etre absolu suppose une vérité absolue. Aussi, la bonne religion est-elle celle qui est la plus proche de la vérité révélée, vérité à notre mesure, accessible comme de raison. Mais, peut-être, comme Pilate, posez-vous à brûle-pourpoint la question : « Qu’est-ce que la vérité ? »27 Non seulement, nous en parlerons jusqu’à la fin de cet exposé, mais encore nous montrerons combien pertinente, lumineuse, est cette sentence d’A. Chénier : « Mais la vérité seule est une, est éternelle. Le mensonge varie. »* Ajoutons, pour être honnête, que la Vérité est la synthèse de toutes les vérités que des âmes d’élite ont reçues et propagées d’âge en âge.
UN LIVRE QUI A FAIT SES PREUVES
« Ta parole est entièrement éprouvée, et ton serviteur l’aime », disait le roi David avec conviction et une mâle tendresse. Mais avec le prophète Jérémie, quels transports et quel enthousiasme ! « J’ai recueilli tes paroles, et je les ai dévorées ; tes paroles ont fait la joie et l’allégresse de mon cœur »29.
La Bible est traduite en plus de 2000 langues. Universelle à souhait, elle répond aux besoins de l’homme quels que soient l’âge, l’origine, la race, l’époque. Son existence a débuté il y a à peu près 3400 ans. Elle est donc l’œuvre de plusieurs écrivains, une bonne quarantaine au total. Mais bien que certains d’entre eux aient vécu à des siècles différents, ou en des lieux aussi éloignés l’un de l’autre que Rome et Babylone, leurs écrits ne se contredisent pas, mais se complètent. La raison en est que, ayant comme Inspirateur « un même Esprit », ils « ont été appelés à une seule espérance » et, de même, « à une seule foi »30.
Plus d’un auteur biblique était remarquable. « Moïse fut instruit dans toute la science des Egyptiens, et il était puissant en paroles et en œuvres. »31 David, roi, poète, musicien, était rien de moins qu’un charismatique guerrier, « parlant bien et beau de visage »32. Salomon, grand bâtisseur, et dont la sagesse était légendaire, a donné au peuple hébreu une culture et une prospérité qui émerveillaient « tous les rois de la terre» de son temps33. Daniel était un premier ministre hautement apprécié sous le règne de deux rois païens célèbres : Nabuchodonosor et Darius, le Mède34. Quant à l’apôtre Paul, il alliait avec une haute et fine culture un courage indomptable : ainsi on le vit à Athènes, au milieu de l’Aréopage, discuter serré avec les philosophes grecs35 ; à Lystre, lapidé, traîné et laissé pour mort hors de la ville, entrer de nouveau dans la ville, une fois revenu à lui36 ; à Rome même, faire des disciples jusque dans « la maison de César »37. Luc était médecin de son état38, et n’était pas juif. Enfin, il y avait un riche : Matthieu. (Matthieu 9:9)
Jamais livre n’a été aussi muselé par les autorités, critiqué par des érudits, attaqué par des philosophes, vilipendé par des profanes, que la Bible. Mais, invariablement, elle en est sortie grandie, le temps ayant travaillé contre ses détracteurs, jamais contre elle. Elle est d’une étonnante vitalité, donc, et toujours actuelle. Aujourd’hui, bon an mal an, plus de quarante millions d’exemplaires de ce livre unique, sans compter les centaines de millions de publications partielles, sont diffusés dans toutes les parties du monde. Car le véritable Evangile est une puissance de Dieu pour le salut : du chrétien évidemment, mais également du musulman, et même de l’athée – pourquoi non ? – s’il a souci de la vérité. Oui, la Bible est pour tous ! Et, franchement, c’est un dépôt sacré d’une autre envergure, dont les points de doctrine forment un tout qui est l’évidence même. Un dépôt qui n’est pas pour autant un traité de théologie, mais une mine inépuisable où le chercheur doit creuser en profondeur, si du moins il a l’idée de travailler pour l’éternité : repoussant à l’infini les bornes de l’inconnaissable, (dé) montrant si besoin est la fragilité des théories et des choses humaines qui, hélas ! gouvernent le monde.
Parce qu’elle est le livre de Jésus-Christ, celui qui, par sa résurrection, « a détruit la mort et a mis en évidence la vie et l’immortalité »39.
Parce qu’elle est « la vérité »40, exactement comme Jésus lui-même41. D’où il suit qu’en dehors de Christ et de la Bible, tout ce qu’on appelle vérité est relatif, et, pour cette raison, subjectif, imparfait, temporel.
Parce que, l’Ancien Testament y compris, elle est la norme de la foi chrétienne42. C’est ainsi que « toute Ecriture est divinement inspirée et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu atteigne tout son développement et qu’il soit apte à toute bonne œuvre »43.
Enfin, puisqu’elle est, comme nous l’avons dit, une puissance divine pour sauver, de tout homme, tout l’homme, à savoir le corps, l’âme et l’esprit, en sorte que celui qui, dans cette vie, se met à la poursuite de la vérité absolue, puisse s’en donner à cœur joie toute l’éternité. Perspective exaltante pour les compagnons de l’infini !
Ainsi la Bible est le critère en fait de religion, comme ce fut le cas à Bérée, où Juifs et Grecs accueillirent la Parole avec empressement et examinaient tous les jours les Ecritures, pour vérifier si ce que les apôtres leur enseignaient était conforme à la vérité44,- à propos de questions vitales, à l’envi controversées : D’où vient l’homme ? Quelle est la cause de la précarité de son existence ? Que lui advient-il lorsque, finalement, la mort l’emporte ?
Le péché étant irrationnel, la conduite de l’homme sur cette terre est forcément déraisonnable. C’est ainsi que, suivant les cultures et les traditions, sans se creuser la tête, les uns espèrent une survie imaginaire, les autres un néant soi-disant rassurant. Heureusement que « la pensée de l’éternité »45, qu’un Dieu de sagesse a mise dans notre cœur, nous aide à être plus conséquents et plus attachés comme il se doit, au système de valeurs d’un christianisme vrai, également éloigné de la mondanité et du rigorisme pharisaïque.
Quoi qu’il en soit, il ne suffit pas de connaître la vérité, encore faut-il que la vérité nous habite et nous prédispose aux bonnes actions, vu qu’ « avant d’être une espérance pour l’avenir, la vie éternelle est, pour le présent, une exigence »*(Lubac). A cet effet, une approche biblique s’articulant autour de la charnière idéelle corps-esprit/présent-futur nous paraît tout indiquée. Et nous devons nous y mettre, balayant tout préjugé. « Mais examinez toutes choses, retenez ce qui est bon », préconisait Paul, montrant ainsi l’importance que le chrétien attache à la liberté des idées. (1 Thessaloniciens 5:21)
(G. Sorel)
L’éternité de la matière étant une vue de l’esprit, indémontrable et démentie par les faits, des questions vous trottent par la tête. D’où vient l’atome ? Comment la première cellule vivante eût-elle pu se former spontanément de la matière inerte, alors que jusqu’à ce jour cela n’a pu se faire expérimentalement ? Qui a établi les lois qui régissent absolument tout dans l’Univers, de l’infiniment petit à l’infiniment grand, de l’atome d’hydrogène aux amas galactiques ? Qui a inventé le code génétique et, ensuite, s’est payé le luxe d’en donner le mécanisme de réplication, à la grande perplexité de nos biologistes incroyants ? Car il est admis qu’il n’y a pas d’effet sans cause, ni de lois sans législateurs. Qui plus est, un organisme suppose une idée de finalité, à ce point qu’un zygote à peine aussi gros qu’une tête d’épingle mais plus compliqué que l’univers, étant donné qu’il est en puissance un homme avec son cerveau, s’il éprouve plus tard « le tourment de l’infini »*, prendra à tâche de chercher le pourquoi et le comment de son existence.
Pourquoi de toutes les planètes du système solaire, notre Terre est-elle la seule où la vie existe, spécialement adaptée à ses habitants, - même chez certains oiseaux, poissons et insectes, qui n’ont pas fini de nous étonner, soit par leur vie sociale, soit par leur instinct de migration ? Qui a réglé la température et la distance du Soleil, pour qu’il puisse perpétuer les cycles de la vie sur notre planète ? Qui a mis sur orbite tous ces astres qui sont dans l’infini des cieux, après avoir imaginé les lois de la gravitation universelle ? Et qui a fait de notre atmosphère un vaste laboratoire chimique, pour assurer la vie de l’homme, des animaux et des végétaux, tout en les protégeant des météorites et des radiations dangereuses ? Qui a pensé à faire tourner la Terre sur son axe autour du soleil, inclinée de 23,5 degrés, avec des vitesses de rotation et de gravitation qui lui permettent et de garder son atmosphère et de perpétuer les saisons ? Qui était à l’origine du temps, du monde en créant la matière ? Question primordiale qu’on ne pourrait éluder sans se faire violence.
« L’univers m’embarrasse », reconnut Voltaire, « et je ne puis songer que cette horloge existe et n’ait point d’horloger. »* Cependant, il n’y a pas que la mécanique céleste pour nous émerveiller. Nos propres organes sont si généreux, si étonnants, que les informations dont le cerveau d’un simple mortel est capable d’emmagasiner, à elles seules, rempliraient une bibliothèque. Voilà pourquoi, Darwin, la complexité de l’œil lui travaillant le crâne, après des hésitations et des retours, se laissa enfin toucher par la grâce et, à l’article de la mort, retrouva sa foi en un Dieu créateur.
Seule la thèse de la création, qui veut que tout ce qui existe soit gouverné par un Etre tout-puissant et omniscient, peut donner une réponse satisfaisante à un esprit rationnel. La Bible nous présente « le Père de qui tout procède et pour qui nous sommes » ; le Fils « par qui tout existe et par qui nous sommes »46 ; l’Esprit qui œuvre en nous et en notre faveur47, afin que tous aient « la vie, le mouvement et l’être »48. Ainsi, c’est par le Christ « que tout a été créé dans les cieux et sur la terre, le visible et l’invisible. » Bien plus, « toutes choses subsistent en lui »49 ; et puisqu’il « soutient tout de sa parole puissante »50, l’Univers n’a besoin de rien d’autre pour marcher.
Mais ne confondons pas la création du monde à partir de rien, « au commencement »51, c’est-à-dire à l’origine des temps, et l’organisation de notre planète en six jours, il y a près de 6000 mille ans52, pour la rendre habitable53, de façon que tous aient « la vie, la respiration et toutes choses »54. Nous n’avons pas à rougir d’une telle profession de foi. C’est plutôt dans la thèse évolutionniste qu’il existe des postulats, comme celui du passage du brut au vital, en biologie, que la Science continue obstinément d’infirmer ; ou comme les chaînons de transition entre les espèces, qui brillent par leur absence dans les archives fossiles, en paléontologie. La gracile « Lucy », en effet, c’est le bonsaï qui cache la forêt, en admettant que ce ne soit pas un simple objet de spéculation pure.
ALORS, QUI A CRÉÉ LE CRÉATEUR ?
D’après la Bible, Yahvé « a la vie en lui-même »55, et existe donc par lui-même, d’où son nom « Je suis »56, « le Dieu d’éternité »57. Conclusion, il ne doit son existence à qui que ce soit, n’a ni passé ni futur, n’a pas tiré son essence de la matière, pour la bonne raison qu’il a existé « avant toutes choses »58. Si Dieu était créé, il ne serait pas le Créateur, mais une créature. Par définition, il est incréé : il est le Maître du temps, des êtres et des choses.
Essentiellement, le péché, c’est :
a) la rupture des relations entre le Créateur et des créatures dépendantes qui veulent l’indépendance ;
b) un système non compatible avec le mode de gouvernement de l’Univers ;
c) un tout générateur de conflits à tous les niveaux et sur tous les plans ;
d) en somme, au sens large, la transgression des lois de la vie et de la raison, et au sens strict, la violation des Dix commandements59.
Considérant le péché tel qu’il est, et voyant le pécheur tel qu’il doit être, le Seigneur, qui est un Père avant d’être le Juge, paradoxalement, a fait les premiers pas. « Ne tenant pas compte de ces temps d’ignorance »60, voulant que « tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité »61, « il avait laissé impunis les péchés commis auparavant »62, afin de pouvoir réconcilier « le monde avec lui-même […], et il nous a chargés de prêcher la réconciliation. Nous faisons donc fonction d’ambassadeurs […] ; et nous vous en supplions au nom du Christ : soyez réconciliés avec Dieu. »63
Telle est la mission du chrétien. Telle est la matière de ce modeste ouvrage, lequel s’efforcera de répondre également à deux autres questions tout ce qu’il y a de plus légitimes. Pourquoi existons-nous ? Pourquoi la création ? Car si c’est bien d’être citoyen de cet univers, c’est encore mieux d’être citoyen de tout l’Univers. Avoir des milliards de galaxies au-dessus de la tête, et se contenter de tourner sur cette planète comme un ours en cage, c’est révélateur, non ? « Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer »*, a encore dit Voltaire. Chapeau bas ! voilà qui est pensé !
La science, la philosophie et la théologie, quoique mouvantes et partielles, grâce à leur complémentarité, nous aident, à la lumière de la Bible, à trouver la vraie religion et le vrai Dieu. Alors, à quoi bon tenir rigueur les uns des autres, quand ici-bas tout est progressif, Dieu excepté ? Mais avoir une largeur d’esprit et de vues ne signifie pas pour autant transiger avec sa conscience ou son devoir. Se respecter et respecter l’Autre, alors que s’entrechoquent les idées du moment et de toujours, afin que la lumière soit et « que nous ne soyons plus des enfants, flottants et emportés à tout vent de doctrine, par la tromperie des hommes » : tout est là64 !
Nota :
Les versions de la Bible utilisées sont celle de Louis Segond,
traduction de 1910, et celle de Synodale.
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1.- Psaumes 144 : 3. 2.- Esaïe 40 : 26. 3.- Psaumes 19 : 2,4. 4.- Romains 1 : 20. 5.- Genèse 1 : 1. 6.- Jacques 1 : 17. 7.- Genèse 1 : 2. 8.- Hébreux 1 : 10,12. 9.- Hébreux 13 : 8. 10.- Apocalypse 4 : 11. 11.- Genèse 2 : 17. 12.- Apocalypse 12 : 7,8. 13.- Genèse 3 : 1-6. 14.- Genèse 1 : 28. 15.-
Genèse 5 : 4.
16.- Genèse 4 : 17. 17.- Ephésiens 5 : 25. 18.- 1 Corinthiens 2 : 14. 19.- 1 Jean 2 : 16. 20.- Ecclésiaste 2 : 3. 21.- 1 Rois 10 : 23,26. 22.- 1 Rois 4 : 32. |
23.- 1 Rois 11 : 3. 24.- Ecclésiaste 1 : 2. 25.- 1 Rois 11 : 9. 26.- Luc 9 : 25. 27.- Jean 18 : 38. 28.- Psaumes 119 : 140. 29.- Jérémie 15 : 16. 30.- Ephésiens 4 : 4-6. 31.- Actes des Apôtres 7 : 22 32.- 1 Samuel 16 : 18. 33.- 2 Chroniques 9 : 22,23. 34.- Daniel 2 : 48 ; 6 : 2,3. 35.- Actes des Apôtres 17 :18,22. 36.- Actes des Apôtres 14 : 19,20. 37.- Philippiens 4 : 22. 38.- Colossiens 4 : 14. 39.- 2 Timothée 1 : 10. 40.- Jean 17 : 17. 41.- Jean 14 : 6. 42.- Jean 5 : 39. 43.- 2 Timothée 3 : 16,17. 44.- Actes des Apôtres 17 : 10-12. |
45.- Ecclésiaste 3 : 11. 46.- 1 Corinthiens 8 : 6. 47.- Romains 8 : 13. 48.- Actes des Apôtres 17 : 28. 49.- Colossiens 1 :16,17. 50.- Hébreux 1 : 3. 51.- Genèse 1 : 1. 52.- Genèse 2 : 1,2. 53.- Esaïe 45 : 18. 54.- Actes des Apôtres 17 : 25. 55.- Jean 5 : 26. 56.- Exode 3 : 14. 57.- Esaïe 40 : 28. 58.- Colossiens 1 : 17. 59.- 1 Jean 3 : 4. 60.- Actes des Apôtres 17 : 30. 61.- 1 Timothée 2 : 4. 62.- Romains 3 : 25. 63.- 2 Corinthiens 5 : 19,20. 64.- Ephésiens 4 :
14.
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